L'œuvre "Une vie" de Guy de Maupassant raconte l'histoire de Jeanne, une jeune fille issue de la noblesse normande, et suit son parcours de la jeunesse à l'âge mûr. Au début du roman, Jeanne est présentée comme une jeune femme pleine de rêves et d'espoirs. Elle est élevée dans un environnement familial où les valeurs traditionnelles et le respect des conventions sociales sont prépondérants. À travers ses yeux, Maupassant explore le monde rural de la Normandie au XIXe siècle, révélant la beauté des paysages, mais aussi la cruauté de la vie.
Au fil de son existence, Jeanne découvre les désillusions de l'amour et du mariage. Elle se marie avec Julien de Lamare, un homme dont le charme dissimule une personnalité égoïste et parfois cruelle. Ce mariage, loin de l'épanouir, devient rapidement une source de désespoir et d'incompréhension. Maupassant dépeint avec acuité la dégradation de leur relation, révélant les ambitions et les échecs de chacun, tout en mettant en lumière la fragilité des rêves de Jeanne.
Alors que le récit avance, Jeanne fait face à des pertes tragiques, notamment celle de ses enfants et de ses proches, ce qui accentue son sentiment de solitude et de désillusion. Les épreuves qu'elle endure, tant sur le plan personnel que social, symbolisent le parcours de nombreuses femmes de l'époque, souvent victimes des normes patriarcales et des conventions étouffantes de la société. Maupassant utilise le destin de Jeanne pour questionner la condition féminine et les sacrifices imposés par le mariage et la maternité.
L'évolution de Jeanne est marquée par une lutte constante entre ses aspirations et la réalité qui l'entoure. Elle traverse des moments de bonheur fugace, souvent liés à ses souvenirs d'enfance ou à quelques instants de passion. Ces moments contrastent avec l'amertume de son quotidien et sa quête d'une vie meilleure, plus libre et plus authentique. Au final, "Une vie" est un puissant portrait féminin des luttes existentielles, où Maupassant s'attache à faire ressortir la profondeur des sentiments et des émotions, tout en dévoilant une critique acerbe de la société de son temps. Le roman se termine sur une note de résignation, laissant le lecteur réfléchir sur le sens de la vie et les illusions perdues.
Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.L’averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d’eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la...
Une vie charmante et libre commença pour Jeanne. Elle lisait, rêvait et vagabondait, toute seule, aux environs. Elle errait à pas lents le long des routes, l’esprit parti dans les rêves ; ou bien, elle descendait, en gambadant, les petites...
Le dimanche suivant, la baronne et Jeanne allèrent à la messe, poussées par un délicat sentiment de déférence pour leur curé.Elles l’attendirent après l’office afin de l’inviter à déjeuner pour le jeudi. Il sortit de la sacristie avec un grand...
Le baron, un matin, entra dans la chambre de Jeanne avant qu’elle fût levée, et s’asseyant sur les pieds du lit : « M. le vicomte de Lamare nous a demandé ta main. »Elle eut envie de cacher sa figure...
Quatre jours plus tard arriva la berline qui devait les emporter à Marseille.Après l’angoisse du premier soir, Jeanne s’était habituée déjà au contact de Julien, à ses baisers, à ses caresses tendres, bien que sa répugnance n’eût pas diminué pour...
Devant la barrière blanche aux piliers de brique, la famille et les domestiques attendaient. La chaise de poste s’arrêta, et les embrassades furent longues. Petite mère pleurait ; Jeanne attendrie essuya deux larmes ; père, nerveux, allait et venait.Puis, pendant...
Les cartes entrèrent alors dans la vie des jeunes gens. Chaque jour, après le déjeuner, Julien, tout en fumant sa pipe et se gargarisant avec du cognac dont il buvait peu à peu six à huit verres, faisait plusieurs parties...
Rosalie avait quitté la maison et Jeanne accomplissait la période de sa grossesse douloureuse. Elle ne se sentait au cœur aucun plaisir à se savoir mère, trop de chagrins l’avaient accablée. Elle attendait son enfant sans curiosité, courbée encore sous...
Jeanne étant tout à fait remise de ses couches, on se résolut à aller rendre leur visite aux Fourville et à se présenter aussi chez le marquis de Coutelier.Julien venait d’acheter dans une vente publique une nouvelle voiture, un phaéton...
Les jours furent bien tristes qui suivirent, ces jours mornes dans une maison qui semble vide par l’absence de l’être familier disparu pour toujours, ces jours criblés de souffrance à chaque rencontre de tout objet que maniait incessamment la morte....
Elle demeura trois mois dans sa chambre, devenue si faible et si pâle qu’on la croyait et qu’on la disait perdue. Puis peu à peu elle se ranima. Petit père et tante Lison ne la quittaient plus, installés tous deux...
Rosalie, en huit jours, eut pris le gouvernement absolu des choses et des gens du château. Jeanne, résignée, obéissait passivement. Faible et traînant les jambes comme jadis petite mère, elle sortait au bras de sa servante qui la promenait à...
La voiture s’arrêta deux heures plus tard devant une petite maison de briques bâtie au milieu d’un verger planté de poiriers en quenouilles, sur le bord de la grand’route.Quatre tonnelles en treillage habillées de chèvre-feuilles et de clématites formaient les...
Alors elle ne sortit plus, elle ne remua plus. Elle se levait chaque matin à la même heure, regardait le temps par sa fenêtre, puis descendait s’asseoir devant le feu dans la salle.Elle restait là des jours entiers, immobile, les...
IÀ Georges Pouchet.Je n’étais point revenu à Virelogne depuis quinze ans. J’y retournai chasser, à l’automne, chez mon ami Serval, qui avait enfin fait reconstruire son château, détruit par les...
IÀ Gustave Toudouze.Le wagon était au complet depuis Cannes ; on causait, tout le monde se connaissait. Lorsqu’on passa Tarascon, quelqu’un dit : « C’est ici qu’on assassine. » Et...
À M. Achille Bénouville.Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l’aumône. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris. Il me dit :— Ce misérable m’a...
À Léon Dierx.M. Saval, qu’on appelle dans Mantes « le père Saval », vient de se lever. Il pleut. C’est un triste jour d’automne ; les feuilles tombent. Elles tombent...
À Guillemet,Devant la porte de la ferme, les hommes endimanchés attendaient. Le soleil de mai versait sa claire lumière sur les pommiers épanouis, ronds comme d’immenses bouquets blancs, roses et...
À José Maria de Heredia.Pourquoi suis-je entré, ce soir-là, dans cette brasserie ? Je n’en sais rien. Il faisait froid. Une fine pluie, une poussière d’eau voltigeait, voilait les becs...
À Harry Alis.Sur toutes les routes autour de Goderville, les paysans et leurs femmes s’en venaient vers le bourg ; car c’était jour de marché. Les mâles allaient, à pas...
À Maurice Leloir,Le train venait de quitter Gênes, allant vers Marseille et suivant les longues ondulations de la côte rocheuse, glissant comme un serpent de fer entre la mer et...
À Louis Le Poittevin.Aucun souffle d’air ne passait dans la brume épaisse endormie sur le fleuve. C’était comme un nuage de coton terne posé sur l’eau. Les berges elles-mêmes restaient...
IÀ Léon Chapron.M. Marambot ouvrit la lettre que lui remettait Denis, son serviteur, et il sourit.Denis, depuis vingt ans dans la maison, petit homme trapu et jovial, qu’on citait dans...