Le Joueur est un roman de Fiodor Dostoïevski qui explore les thèmes de la passion, de la dépendance et de la déchéance humaine à travers le prisme du jeu d'argent. L'histoire se déroule dans une station thermale fictive en Europe, où l'auteur nous introduit à Alexeï Ivanovitch, un jeune précepteur, qui est à la fois fasciné et obsédé par le monde du jeu. Cette fascination pour le jeu est non seulement un moyen d'évasion, mais aussi un reflet de son désir d'ascension sociale et de quête d'identité.
Au fil du récit, Alexeï devient témoin des relations compliquées qui l'entourent, notamment celles de sa bien-aimée Polina et du général Zékin, un personnage dont les dettes de jeu le plongent dans une spirale tragique. Les interactions entre les personnages révèlent les dynamiques de pouvoir, d'amour, de manipulation et d'échec qui se déroulent dans cet environnement.
Le jeu lui-même devient une métaphore de la vie, où les choix et les risques sont omniprésents. Alexeï, dans sa quête pour gagner de l'argent par le biais des casinos, démontre comment l'avidité et la chance façonnent le destin des individus. Dostoïevski explore également les conséquences psychologiques du jeu, montrant comment il peut positionner les joueurs tantôt comme des victors, tantôt comme des perdants, et comment ces résultats affectent leur identité.
L’œuvre révèle le contraste entre la passion des jeux et les réalités cruelles de l'existence, créant un tableau complexe des motivations humaines. Les personnages sont souvent désespérés, pris dans une lutte incessante contre leurs démons intérieurs, cherchant un sens dans un univers aléatoire et capricieux. Dostoïevski, par son style pénétrant et psychologique, ouvre une réflexion profonde sur la nature humaine et les choix qui nous définissent.
Je suis enfin revenu de mon absence de deux semaines. Les nôtres étaient depuis trois jours à Roulettenbourg. Je pensais qu’ils m’attendaient avec Dieu sait quelle impatience, mais je me trompais. Le général me regarda d’un air très indépendant, me...
Cela m’était très désagréable. J’étais décidé à jouer, mais non pas pour le compte des autres. Même cela dérangeait mes plans. J’eus, en entrant dans le salon de jeu, une sensation de dépit, et, du premier regard, tout me déplut....
Hier, de toute la journée, elle ne me dit pas un mot à propos du jeu. Elle évitait d’ailleurs de me parler. Ses manières étaient changées. Elle me traitait négligemment, me marquant à peine son mépris. Je compris qu’elle se...
Une journée absurde. Il est onze heures du soir. Je reste dans ma chambre. Je repasse mes souvenirs.Ce matin, il a fallu aller jouer à la roulette pour Paulina. J’ai pris ses seize cents florins, mais à deux conditions :...
Elle était très absorbée ; dès qu’on se leva de table, elle m’ordonna de sortir avec elle. Nous prîmes les enfants et nous allâmes dans le parc. J’étais très énervé ; je ne pus me retenir de faire à Paulina...
Voilà deux jours de passés depuis cette fameuse sottise. Que de bruit ! que de cris ! Et je suis la cause de tout cela ! Mais j’y ai trouvé mon profit. Que j’ai ri ! Je ne puis pourtant...
Ce matin j’ai appelé le garçon et demandé que désormais on fît un compte à part pour moi. J’ai conservé ma chambre, qui n’était pas trop chère. D’ailleurs, je possède six cents florins, et… qui sait ?… peut-être une fortune....
À la promenade, comme on dit ici, c’est-à-dire dans l’allée des Châtaigniers, j’ai rencontré mon Anglais.— Oh ! oh ! fit-il en m’apercevant, j’allais chez vous et vous alliez chez moi ! Vous avez donc quitté les vôtres ?— Dites-moi...
Sur le perron de l’hôtel se tenait la babouschka ! On l’avait apportée dans un fauteuil. Elle était entourée de valets et de servantes. Le majordome était allé en personne à la rencontre de la nouvelle venue, qui amenait ses...
Aux eaux, les maîtres d’hôtel, quand ils assignent un appartement aux voyageurs, se fondent bien moins sur le désir de ceux-ci que sur leur propre appréciation, et il faut remarquer qu’ils se trompent rarement. L’appartement de la babouschka était d’un...
On roula vers la porte le fauteuil de la babouschka. Elle était rayonnante. Tous les nôtres la félicitèrent. Malgré son excentricité, son triomphe semblait lui avoir fait une auréole, et le général ne craignait plus de se montrer en public...
La babouschka semblait très excitée. Tout ce qui ne concernait pas la roulette lui était indifférent.À la gare, on l’attendait déjà, comme une victime. Et, en effet, les craintes des nôtres se réalisèrent.La babouschka s’attaqua de nouveau au zéro :...
Voilà un mois que je n’ai pas touché à ces notes.La catastrophe dont je pressentais alors l’approche a été plus prompte encore que je n’avais pensé. Tout cela a été passablement tragique, du moins pour moi. Je ne puis encore...
Je poussai un cri.— Mais quoi ? mais quoi ? dit-elle d’un air étrange.Elle était pâle et morne.— Comment ! mais quoi ? Vous ! Ici ! Chez moi !— Si je suis venue, c’est tout entière. C’est mon habitude....
Elle me regardait fixement, sans bouger.— J’ai gagné deux cent mille francs, prononçai-je en jetant les derniers rouleaux sur la table.Le tas de billets et les pièces couvraient la table. Je ne pouvais les quitter des yeux. J’en oubliais Paulina...
Que dire de Paris ? Ce fut comme un délire. Je n’y vécus que trois semaines, durant lesquelles je dépensai mes cent mille francs. Les autres cent mille, je les avais donnés à Blanche en espèces sonnantes : cinquante mille...
Voilà un an et six mois que je n’ai pas touché à ces notes. Aujourd’hui, triste et chagrin, je les rouvre pour me désennuyer ; je les relis, çà et là…Comme j’avais le cœur léger en écrivant les derniers feuillets...