Zut, alors, si le soleil quitte ces bords !
Fuis, clair déluge ! Voici l’ombre des routes.
Dans les saules, dans la vieille cour d’honneur,
L’orage d’abord jette ses larges gouttes.
Ô cent agneaux, de l’idylle soldats blonds, 
Des aqueducs, des bruyères amaigries,
Fuyez ! plaine, déserts, prairie, horizons
Sont à la toilette rouge de l’orage !
Chien noir, brun pasteur dont le manteau s’engouffre
Fuyez l’heure des éclairs supérieurs ;
Blond troupeau, quand voici nager ombre et soufre, 
Tâchez de descendre à des retraits meilleurs.
Mais moi, Seigneur ! voici que mon esprit vole, 
Après les cieux glacés de rouge, sous les
Nuages célestes qui courent et volent
Sur cent Solognes longues comme un railway.
Voilà mille loups, mille graines sauvages
Qu’emporte, non sans aimer les liserons,
Cette religieuse après-midi d’orage
Sur l’Europe ancienne où cent hordes iront !
Après, le clair de lune ! partout la lande,
Rougis et leurs fronts aux cieux noirs, les guerriers
Chevauchent lentement leurs pâles coursiers !
Les cailloux sonnent sous cette fière bande !
— Et verrai-je le bois jaune et le val clair,
L’Épouse aux yeux bleus, l’homme au front rouge, ô Gaule, 
Et le blanc Agneau pascal, à leurs pieds chers,
— Michel et Christine, — et Christ ! — fin de l’idylle.
Charleville, 15 mai 1871.J’ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle. Je commence de suite par un psaume d’actualité :CHANT DE GUERRE PARISIENLe Printemps est évident, carDu cœur...
"Poésies" est un titre générique utilisé pour regrouper les premiers poèmes d’Arthur Rimbaud, écrits entre 1869 et 1872, alors qu’il est encore adolescent. Ces textes, publiés de manière posthume ou...